Chapitre 39

 

Kaderin avançait prudemment dans un tunnel obscur. L’antre du Serpent de feu était tout proche, elle le savait aux échos qui lui parvenaient : une vaste caverne se trouvait non loin de là. Elle savait aussi que Bowen n’était peut-être pas encore arrivé, mais qu’il la suivait de près.

De même que Sébastian.

Son oreille s’agita, alarmée par un bruit qui rappelait fort une inspiration sifflante. Bowen ? Elle fit volte-face. Ses yeux se plissèrent de colère. Lui.

— Fiche le camp tout de suite, vampire ! J’en ai assez ! Il me faut cette clé, tu entends ? Il me la faut !

Elle s’interrompit en prenant conscience de l’aspect de l’arrivant : le bras droit en miettes, une joue couverte de cloques, sa chemise autrefois blanche déchirée, trempée de cramoisi. De quoi rester bouche bée. Qu’était-il donc arrivé à Sébastian, depuis qu’il l’avait enchaînée ?

Le souvenir de cette traîtrise raffermit la résolution de Kaderin. La victoire était à portée de main. Elle n’avait pas le temps de poser des questions. Si les choses s’étaient passées comme il en avait décidé, elle aurait été menottée, à l’heure qu’il était.

Pourtant… jamais elle n’avait vu quelqu’un d’aussi bouleversé. Les yeux du vampire avaient viré au noir et brillaient de larmes contenues. Ses mains tremblaient. Son sang coulait, mais il n’en avait visiblement pas conscience.

— Je croyais t’avoir perdue, balbutia-t-il. Il faut y aller tout de suite.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ?

— Viens…

Il tendait la main gauche.

— Va te faire voir chez les Grecs, rétorqua-t-elle. Ça me plairait bien, c’est à des milliers de kilomètres d’ici.

Il vacilla, tandis que sa tête tombait en avant… à croire qu’il allait s’évanouir.

Puis il attrapa son interlocutrice par le poignet, comme s’il craignait de ne bientôt plus en être capable… et glissa avant qu’elle ne songe à résister. Très loin de là. Jusqu’au temple de Riora.

Kaderin poussa un hurlement de rage qui résonna à travers tout le bâtiment. Le verre de la coupole se fissura avec un craquement mat, menaçant, telle la glace couvrant un étang.

Sébastian lui prit le visage dans sa main valide.

— Arrête, Katia. Ah, Seigneur… laisse-moi te regarder.

— Ça ne va pas la tête ? riposta-t-elle en le repoussant. Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Il faut que j’y retourne ! Bowen me suivait de près…

— Écoute…

Il secoua la tête, livide.

— Je n’ai pas le temps !

— La Quête est finie…

— Bowen !

La foudre se déchaîna alentour. Les yeux de Kaderin s’emplirent de larmes.

— Ça y est, il a la clé ! Non… (Sa voix enfla jusqu’au hurlement.) Non… !

La coupole explosa.

Sébastian attira sa compagne contre lui du bras gauche, se penchant sur elle pour lui faire un rempart de son corps.

— C’est nous qui avons gagné, lui chuchota-t-il à l’oreille, tandis qu’une pluie de verre s’abattait sur eux.

— Je… je ne comprends pas, balbutia-t-elle, haletante, quand l’averse s’interrompit enfin.

— Tu… Katia, tu es morte.

Elle se rejeta en arrière, les joues ruisselantes de larmes.

— Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?

— Tu es morte. Un quart d’heure après le moment où je suis revenu te chercher.

Sébastian expliqua en détail à Kaderin, stupéfaite, ce qui s’était passé dans l’antre du serpent : l’apparition du monstre, la puissance inouïe du feu… la décision qu’elle avait prise.

Elle vacilla, mais il l’aida à garder l’équilibre.

— Je t’ai demandé de revenir me chercher ? Je t’ai parlé de mes sœurs ?

— Oui. Je ne savais pas ce que tu voulais faire de la clé. Pourquoi ne pas me l’avoir dit ?

— J’étais prête à tout te raconter, cette nuit ! Avant, je… je ne pouvais tout simplement pas. (Elle se mordit la lèvre.) J’ai lâché le filin ? (Il hocha la tête.) J’ai dû comprendre quelque chose… voir quelque chose qui m’a vraiment donné confiance en toi. (Elle fronça les sourcils.) Ce n’est pas seulement ma vie que j’ai remise entre tes mains, tu sais… (Leurs yeux se croisèrent.)… mais aussi celle de mes sœurs.

— Ça m’a appris l’humilité, dit-il tout bas.

Riora apparut soudain. Elle vint s’asseoir au bord de l’autel, suivie d’un Scribe visiblement ému, qui pataugeait dans les éclats de verre.

— J’ai eu avec mon champion une conversation fort instructive, commença la déesse, et il vient encore de me prouver qu’une impossibilité était possible. Je l’ai prévenu que quand tu mettrais sur la clé ta petite main brûlante, il te perdrait pour l’éternité, car l’histoire s’en trouverait changée. Que l’avenir se tordrait et se transformerait de manière à s’adapter au passé. Que tu ne le rencontrerais jamais, parce que tu ne subirais pas la mort de tes sœurs. Eh bien, ce vampire a choisi de renoncer à sa fiancée plutôt que de te laisser endurer le remords et l’horreur. Il a décidé de te donner la clé pour t’éviter de souffrir, alors qu’il pensait se priver ainsi de toi.

— C’est vrai ? demanda Kaderin à Sébastian d’une voix tremblante. Tu… tu veux vraiment me l’offrir ?

— Je veux que tu sois heureuse, répondit-il d’une voix brisée. (Elle sanglotait, à présent.) Pourquoi pleures-tu, Katia ? Tu retrouveras ta famille, je te le jure. Ne sois pas triste.

— À quoi penses-tu, Valkyrie ? intervint Riora. Ne m’oblige pas à explorer ton esprit pour le savoir.

À quoi pensait Kaderin ? Bonne question. Le chaos le plus total régnait dans sa tête. Trop de réflexions, trop d’émotions se bousculaient en elle. Elle se sentait déchirée, obligée de choisir entre ses sœurs et Sébastian.

L’aimait-elle ? Peut-être, mais comment s’en assurer ? C’était toujours difficile de se fier à ses sentiments, alors quand on n’en avait pas connu depuis aussi longtemps…

En revanche, elle se fiait à son instinct.

Et elle devait admettre à présent que l’instinct l’avait empêchée dès le début d’abattre ce vampire bien particulier.

— Je ne peux pas ne pas faire sa connaissance, Riora.

— Hein, quoi, qu’est-ce que tu dis ? interrogea-t-elle.

Apparemment, il retenait son souffle.

— Je ne veux pas être obligée de choisir.

Il l’attira à lui du bras gauche et posa le menton sur sa tête.

— En ce qui me concerne, si je pouvais être sûr de t’avoir conquise ne serait-ce qu’un jour de ma vie, je m’estimerais heureux.

— Sauf que tu ne te souviendrais pas de m’avoir conquise, fit-elle remarquer, tout contre lui.

— Attends un peu… (Il l’écarta, à peine, pour lui adresser son adorable demi-sourire.) J’ai le bras cassé, d’accord ?

— Je sais bien ! s’exclama-t-elle.

Sa voix se fêla.

— Mais je ne vois vraiment pas pourquoi tu en as l’air aussi content !

— Mon bras ne devrait pas être cassé. Le rocher l’a écrasé quand le Serpent de feu s’est réveillé. Le Serpent s’est réveillé parce que tu marchais sur le filin. Si tu n’as pas marché sur le filin…

Elle prit une brusque inspiration, les yeux écarquillés.

— Bravo, vampire, lança Riora. Kaderin soutenait qu’il était possible de voyager dans le temps. Toi, qu’il était impossible d’aller dans le passé pour changer l’avenir. Vous aviez tous les deux raisons.

— Je ne comprends pas comment ça marche, avoua Kaderin. Il a modifié le passé. Le présent devrait être différent. D’ailleurs, tu as bien dit qu’il avait dû choisir…

— Oh… je me suis permis un petit mensonge. Je voulais voir s’il était possible qu’un vampire renonce à sa fiancée prédestinée. (La déesse pencha la tête dans la direction des amants.) Je vous remercie d’ailleurs d’avoir collaboré à l’expérience. Bon. Maintenant, soyons sérieux. On ne peut pas retourner en arrière et changer l’avenir.

Sébastian se rembrunit.

— Telle est pourtant notre intention.

— Scribe ! Un ruban… des ciseaux !

En un clin d’œil, un ruban écarlate déroula sur le marbre de l’autel une bande éclatante, tandis que des ciseaux se posaient dans la main tendue de Riora.

— Ce ruban représente le temps, du passé au présent…

Elle se pencha vers l’extrémité représentant le passé le plus lointain et en coupa quelques centimètres.

— Je suis retournée chercher quelque chose dans le passé, mais le reste du ruban n’a pas changé d’un fil. Tu avais entièrement raison, vampire… jusqu’à un certain point. On ne peut pas aller dans le passé pour modifier l’avenir, c’est un fait. Ce serait de la folie.

Les sourcils froncés, elle se tourna vers Kaderin.

— Franchement, Valkyrie, tu devrais l’écouter un peu plus. C’est un vrai savant, tu sais. (Petit haussement d’épaules.) Bref… La magie nous permet malgré tout de retourner en arrière piocher deux ou trois choses ici ou là. C’est l’équivalent d’un tour de cartes, ni plus ni moins.

— Je ne l’oublierai pas, alors ? demanda Kaderin, incapable de maîtriser son tremblement.

— Ça ne risque pas. Mais n’essaie pas de faire la maligne avec la clé. Le temps est fluide, vivant… il refuse de laisser subsister le passé. Le génie de Thrane a été de découvrir qu’on pouvait ouvrir des portes sur le passé, justement… mais que le temps les refermait aussitôt afin d’éviter l’instabilité et le chaos. Alors, notre magicien a créé une clé ouvrant simultanément des millions de portes, pour que les refermer toutes ne soit pas une mince affaire. L’utilisateur est un joueur, qui parie que la sienne sera parmi les dernières à claquer… parce que s’il se retrouve coincé dans le passé, il disparaît.

Riora pencha la tête en considérant Kaderin, puis son regard aigu se posa sur Sébastian.

— Tu vois comme elle est soulagée, vampire ? C’est tout de même étonnant. L’attirance que tu exerces sur elle s’est révélée plus puissante que la bénédiction d’une déesse…

Elle tendit les mains devant elle afin d’examiner ses ongles.

— Une puissante déesse.

— Tu veux dire… la bénédiction ? questionna-t-il, stupéfait.

— C’était donc toi ? murmura Kaderin.

— En effet. (Riora l’examina, pensive.) D’où ma perplexité quand j’ai découvert l’influence de ce vampire sur toi.

— Mais pourquoi m’as-tu enchantée de cette manière ?

— Tu t’accusais de la mort de tes sœurs, seulement tu étais trop puissante pour mourir. Et ton chagrin affaiblissait toutes les Valkyries.

— Pourquoi as-tu engourdi la moindre de mes émotions ? Je n’éprouvais plus ni joie ni amour, rien.

Riora toussota délicatement afin de s’éclaircir la gorge.

— À vrai dire, telle n’était pas mon intention. (Elle se tourna vers Sébastian.) C’est toi, et toi seul, qui lui as rendu la capacité à ressentir.

Il était temps pour elle.

— Ça explique pas mal de choses.

Il vacilla.

— Il faut te panser le bras, déclara Kaderin, penchée vers lui, craignant qu’il ne tombe, car il devenait de plus en plus pâle.

Il avait vraiment dû perdre beaucoup de sang.

— Il est en train de salir tout mon temple, constata Riora. Quant à toi, Valkyrie, tu me dois une coupole. (Elle se retourna.) Scribe ? Où es-tu passé, Scribe ?

Déesse et serviteur disparurent.

— Tu vas arriver à nous téléporter ? s’inquiéta Kaderin.

— Bien sûr, répondit Sébastian.

Il eut cependant le plus grand mal à les ramener à l’appartement londonien.

Quelle tête de mule ! Il m’a caché qu’il était aussi affaibli.

Ses jambes le trahirent dès l’arrivée dans la chambre. Kaderin l’aida à gagner le lit, où il s’effondra, mais il la saisit par le poignet.

— N’y va pas sans moi.

— Tu es blessé au bras droit, et tu es droitier. Tu ne pourras pas te défendre en pleine bataille.

— Tu as attendu mille ans, tu peux bien attendre deux jours de plus.

Elle secoua la tête.

— Je ne veux pas t’entraîner dans une guerre où tu es l’ennemi.

— Je suis prêt à courir le risque. N’y va pas avant que je sois guéri, s’il te plaît.

Elle hésita, mais finit par répondre :

— Je n’irai pas avant que tu sois guéri.

Il hocha la tête, soulagé, et perdit aussitôt conscience.

Elle n’avait pas parlé à la légère. Il ne pouvait l’accompagner, ce n’était pas possible : un vampire, sur le même champ de bataille que les Valkyries ? Non. Les propres sœurs de Kaderin essaieraient sans doute de le tuer.

Mais il n’était pas question non plus de l’abandonner alors qu’il avait besoin d’elle. Pendant deux jours, il avait été son héros – à part quand il l’avait enchaînée. Il lui avait évité de perdre la Quête, il lui avait offert sur un plateau une place en finale et, enfin, il avait remporté la clé en son nom. Sans compter qu’il lui avait sauvé la vie.

Pour couronner le tout, il avait préféré son bonheur à elle au sien propre.

Chaque fois que l’occasion s’en présentait, il lui donnait l’impression d’être chérie, protégée. Elle lui rendrait la pareille.

Lorsqu’elle avait compris qu’elle ne l’oublierait pas, elle avait éprouvé un soulagement étourdissant. Quelle leçon en tirer ? Elle était aussi heureuse à l’idée de se souvenir de lui qu’à celle de retrouver ses sœurs… Qu’en déduire ?

Avant d’utiliser la clé, elle appellerait Val-Hall pour informer la maisonnée qu’elle allait bien… même si elle ne doutait pas que les autres Valkyries aient déjà conscience de son retour d’entre les morts. Et elle s’assurerait que Sébastian guérisse en lui donnant autant de sang qu’il pouvait en boire.

Elle avait attendu mille ans. Qu’importaient deux ou trois jours de plus, dans l’ordre cosmique des choses ?

 

Sébastian se réveilla dans une forme inouïe.

Une Valkyrie au corps brûlant reposait à moitié sur son torse. Il la serra contre lui, encore surpris à la pensée de tout ce qui s’était produit. Les souvenirs de la brume infernale où il avait plongé après la mort de Kaderin s’insinuaient dans son esprit, mais il les écarta fermement.

Il l’avait ramenée.

Elle était là avec lui, en sécurité. Rien d’autre n’avait d’importance. Oui, il l’avait ramenée.

Comme elle ne faisait pas mine de se réveiller, il sortit prudemment du lit pour aller se doucher et examiner son bras. Aussitôt debout, il se raidit, persuadé que sa vision allait se brouiller, mais non. Apparemment, ses os avaient déjà commencé à se reformer. Quant à sa peau et ses muscles, déchiquetés par ses efforts pour se dégager, ils étaient de nouveau intacts. Peut-être même pourrait-il se passer de l’écharpe confectionnée par Kaderin.

Lorsqu’il regagna la chambre, propre et habillé, elle avait ouvert les yeux.

— Je serai guéri ce soir, lui annonça-t-il. On pourra aller les chercher à ce moment-là.

— J’ai peur qu’elles n’essaient de te tuer. (Elle détourna les yeux.) Je ne pense pas qu’elles hésiteront, elles.

— Je t’accompagne, la question ne se pose pas. Imagine que tu ne repasses pas la porte… je te perdrais à jamais.

— En admettant qu’on attende ta guérison complète, tu ne pourras te défendre qu’en t’en prenant aux Valkyries.

Il rejeta la tête en arrière.

— Jamais je ne leur ferais le moindre mal.

— Je sais, assura-t-elle aussitôt, mais elles chercheront à t’éliminer.

— Je viens, Katia. Il ne peut en aller autrement.

Elle le dévisagea un long moment, expira à fond, avec un petit hochement de tête, puis lui tourna le dos en rassemblant ses cheveux sur sa poitrine pour dégager son cou gracieux.

— Alors, il va te falloir des forces.

Il déglutit.

— Tu me proposes de boire à tes veines ?

— C’est ce que tu fais depuis hier, répondit-elle par-dessus son épaule.

Et j’ai manqué une chose pareille ? Il la rejoignit dans le lit, où il la fit pivoter vers lui.

— Pas étonnant que je me sente si bien.

Elle lui jeta un coup d’œil de sous ses boucles blondes.

— Vraiment bien ?

Sa voix était devenue rauque. Il se figea.

— Remarquablement bien. (Malgré les douleurs et les meurtrissures qui le faisaient toujours souffrir, sa verge gonflait déjà.) Incroyablement bien.

— Il va falloir qu’on se montre créatif pour ne pas te faire mal au bras.

Les yeux de Kaderin avaient viré à l’argenté.

Il s’avéra que, en ce qui la concernait, la créativité consistait à se débarrasser de sa chemise de nuit – une des chemises de Sébastian, en réalité – puis à s’allonger au pied du lit, prête à l’accueillir, ses longs cheveux brillants déployés autour d’elle, les mamelons érigés.

— Vive la créativité ! gronda-t-il en arrachant ses propres vêtements.

Ses mains le démangeaient tant il avait envie de la caresser, de mille manières différentes, en mille endroits différents. Il aurait pu passer des heures à l’embrasser.

— Tu crois que ça va marcher ? s’inquiéta-t-elle. Tu n’es peut-être pas prêt…

Au regard qu’il lui jeta, elle s’empressa d’ajouter :

— Bon, bon ! Je voulais juste être sûre…

Les mots moururent sur ses lèvres quand il s’agenouilla pour lui écarter les jambes : il adorait explorer son intimité, et la moindre occasion était bonne à prendre. Lorsqu’il effleura de la langue sa chair moite, elle poussa un cri, qui se transforma en gémissement tandis qu’il la léchait lentement.

— Viens, s’il te plaît, finit-elle par implorer. J’ai besoin de te sentir en moi.

Il lui embrassa la cuisse puis se redressa. Les jambes de Kaderin s’écartèrent au maximum en une invitation criante, qui ne s’adressait qu’à lui. C’était encore tellement neuf… Il n’arrivait pas à croire que cette beauté le veuille en elle.

Empoignant sa verge, il se posta au pied du lit puis se pencha pour poser les mains sur les seins provocants. Elle se cambra, se pressa contre ses paumes jusqu’à ce qu’il lui malaxe la poitrine en gémissant à ce contact voluptueux.

Enfin, il la pénétra lentement, de plus en plus profondément, tandis qu’elle poussait des râles ininterrompus. Une fois totalement logé en elle, il sentit ses genoux flageoler, de plaisir, cette fois.

Les jambes nouées autour de sa taille, elle se mit à onduler des hanches, lascivement d’abord, puis avec une frénésie croissante, au point qu’il craignit bientôt de jouir de ces seules allées et venues sur sa hampe.

— Plus fort ! haleta-t-elle.

Je te donnerai tout ce que tu veux. Toute ma vie. Il se rappelait le lui avoir promis, le jour de leur rencontre. Il fallait qu’il se retienne…

Lorsqu’il se pencha pour lui sucer les mamelons, l’un après l’autre, elle plongea les doigts dans ses cheveux en se cambrant au point de lui donner irrésistiblement envie de jouir.

Il se redressait, prêt à se retirer pour se remettre à la titiller de la langue, quand elle lui saisit la main, lui lécha doucement deux doigts puis les posa sur son clitoris, tout humides, afin de lui montrer exactement ce qu’elle voulait.

Frissonnant, il se raidit de tout son corps pour se retenir de se répandre à l’instant même. Dès qu’il se mit à la caresser où elle le désirait, pinçant à peine le bourgeon gonflé, elle se tordit et se contorsionna sur le lit, déchaînée.

— Bois, souffla-t-elle entre deux halètements. S’il te plaît.

Elle avait envie qu’il la boive ? Jamais il n’aurait cru entendre une requête pareille. Ses crocs le démangeaient littéralement en réaction.

Sans cesser d’aller et venir en elle, il l’empoigna par les épaules pour lui frôler le cou d’un baiser. Quand il lui perça la peau et aspira, elle cria de nouveau, tandis que ses yeux se révulsaient. Son corps se tendit, secoué de spasmes, arrachant un grognement à Sébastian.

Il rejeta la tête en arrière. Le sang de Kaderin courait en lui, brûlant, vivant, affolant ; son sexe palpitait autour de sa verge, exigeant, avide. Une brume envahit son champ de vision. Quelque chose en lui venait de se libérer… Il fallait qu’il la prenne de toutes ses forces.

Lorsqu’il se retira pour la retourner, elle frissonna en laissant échapper une petite exclamation de surprise. Il la rapprocha de lui puis la fit reculer au maximum, une main sous son ventre, l’autre pressée contre son sexe, avant de la pencher très bas, les seins enfoncés dans le matelas. Prête.

Alors, il l’attrapa par les hanches afin de l’immobiliser, tandis qu’il se glissait de nouveau en elle… se retirait lentement… replongeait… se retirait, en longues caresses torturantes dont le rythme entêtant la fit bientôt gémir.

— Plus fort ! Je t’en prie !

Le tonnerre gronda dehors. Sébastian se déchaîna. Plus fort, plus vite, jusqu’à la secouer tout entière, peau contre peau, à grands claquements. Il n’arrivait pas à croire qu’elle restait comme ça, à quatre pattes devant lui. Que ce soit encore mieux à chaque fois.

Le bois de lit martelait le mur, mais les exigences de Kaderin ne faisaient que croître.

Il lui obéit en poussant un cri abrupt. Plus question de retenue ! Pendant qu’il la possédait de toutes ses forces, les hurlements de sa compagne allaient crescendo.

Lorsqu’il se cabra, elle avait la tête tournée de côté, les lèvres entrouvertes, les yeux argentés, les bras allongés en avant.

— Bastian, souffla-t-elle, enivrée.

Il n’avait besoin pour permission que de ses réactions et des éclairs qui se déchaînaient dehors.

— Je vais rester en toi toute la nuit. Je vais te boire toute la nuit.

— Oui ! s’écria-t-elle. Tout ce que tu veux !

Tout ce qu’il voulait. Aucune contrainte. La liberté la plus totale. Il s’y abandonna sans frein. Des siècles de doutes s’évaporaient. Le passé pâlissait, comparé à l’avenir avec elle.

— Tu aimes ? râla-t-il.

— Oui !

— Tu as besoin de moi ?

— Oui, oh oui !

Elle tendit le bras en arrière pour qu’il boive à son poignet sans se retirer. À peine lui eut-il planté les crocs dans la chair que l’orgasme la saisit, accompagne d’une longue plainte. Incapable de résister plus longtemps, Sébastian prit et donna simultanément, répandant sa semence brûlante dans le corps dont il buvait le sang.

Ses spasmes apaisés, il s’allongea sur elle en continuant à aller et venir – lentement, à présent.

— Tu es mienne, Katia, lui chuchota-t-il à l’oreille, haletant. Jamais plus je ne te laisserai partir.

La valkyrie sans coeur
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